En craquant, les ardoises faisaient un bruit de mitraille qu’amplifiait le cirque creusé au flanc de la montagne.
Saturé de chaleur, l’air troublé floutait les contours des crêtes, les mélangeait au ciel éteint par un trop-plein de soleil. Je gardais les yeux fixés sur le dos de la silhouette qui me précédait. La combinaison recouverte de poussière grise, striée de blanc aux articulations. Deux conduits flexibles dans la poche dorsale, où on pouvait encore lire : «AIR» et «EAU». Je la vis s’arrêter, se pencher vers le sol, me désigner quelque chose de la main. Je baissais les yeux. Sur une pierre plate gisait un squelette calciné de vipère qu’un léger coup de pied transforma en poussière.
Que restera-t-il de nous dans cent ou mille ans ?
Elle se remit en marche, moi derrière, elle devant. En suivant des yeux le tracé des lacets que le sentier avait taillés dans la montagne, je vis à leur extrémité se découper un rectangle bien lisse et bien net. L’entrée, je le savais, se situait à trois cent mètres du sommet, le plus haut sommet d’Europe. La belle affaire, ils auraient tout aussi bien pu mesurer la hauteur du ciel ou la longueur de leurs bites.
Les cons.
Les enfoirés.
Étiquette : Artificiel
Nos nuits programmables
Nous dansons
Sous le verre incassable
De nos téléphones portables.
Sept millimètres de silice
Entre nous et le soleil
Entre nous et la pluie
Qui glisse sur la dalle lisse
De nos téléphones portables.
Lovés dans l’espace stérile
Entre batterie et écran tactile,
Nous cultivons les terres rares
De nos illusions biodégradables
Et nos âmes digitales
S’habillent pour sortir le soir.
Jamais plus la brûlure du soleil.
Le vent.
L’été.
Et les étoiles perdues
Au fond de nos nuits programmables.