Cold Turkey

Assise
Sur un nuage de poussière rouge
Je tombe.
La chute longue
Et dure un siècle d’étoiles rouges.
Je tombe,
A la vitesse de la lumière rouge,
Dans l’air glacé de la nuit noire.
Je tombe et tu ne me retiens pas.

Cold Turkey.
Je me retiens
A tous les clous du désespoir.
Rouge,
Le sang coule de mes mains déchirées,
Sur mes ongles peints en bleu,
Mes ongles pour t’arracher les yeux.

Debout
Sur un tapis de cendres rouges
Je marche.
Le pas lourd
Et dure un siècle de lumière rouge.
Je marche,
A la vitesse d’une femme au pas,
Dans l’air brûlé au fer rouge.
Je marche et tu ne me soutiens pas.

Cold Turkey.
Je me retiens
Aux épines qui brûlent dans le noir.
Rouge,
Le sang coule de mon front déchiré,
Sur ma bouche peinte en bleu,
Ma bouche pour t’arracher les yeux.

Ma peau à vif,
Ma peau à nu contre le mur,
Trace un dessin à l’encre rouge.
Je te dessine avec mon dos,
Avec mes hanches qui bougent.
Je déchire mon ventre dur,
Ma peau à nu contre le mur,
J’écris ton nom à l’encre rouge.

Recette de banana split

La banane est un légume frais qui vire du vert au jaune suivant son état d’avancement.

Oblongue et incurvée comme un boomerang, elle a déjà beaucoup servi. Un sondage représentatif sur un échantillon de 1345 personnes de sexe masculin, féminin, ou sans opinion a montré que 100% des sondés ont l’air parfaitement ridicules lorsqu’ils mangent une banane.

Prenons par exemple un tennisman. Il est beau. Il est bronzé. Son corps poli brille sous le soleil qui décline. Il survole le court d’une foulée agile. Il virevolte et danse. Il égaie le filet d’une volée diaphane. Il transpire, certes, mais ce sont des perles de rosée qui se noient dans son bandana façon pirate. À la fin de l’échange le tennisman s’assied. Il regarde le vide. Il boit une gorgée de boisson isotonique bleue. Il s’essuie. Il boit un coup d’eau minérale pour faire glisser l’infâme mixture colorée à l’encre de marker fluorescent. Il s’essuie encore. Il regarde au loin, un point imaginaire au milieu de la foule. Il se dit que c’est pas tout ça, il faudrait peut-être voir pour la suite. Il a un creux à l’estomac. Il plonge dans les entrailles de son sac rouge. Il fouille et il farfouille. Ici les bandeaux de rechange. Là, la réserve de bandanas façon pirate. Les chaussettes. Le pull de rechange. Les raquettes emballées dans un voile de cellophane.
Enfin, il se redresse sur sa chaise. Le soleil déclinant coule sur la foule et creuse des ombres  bleues sur le visage du gladiateur moite et doré. Certaines jeunes filles se pâment. Certains jeunes hommes aussi. Le tennisman a une banane à la main. Il fait plier la queue d’un coup sec pour ouvrir une fente dans la peau qu’il débite en quatre lanières égales. Érigée et blanche, la tête de la banane surgit de son fourreau déchiré, de cette corolle molle qui pend en quatre lambeaux tristes sur cette main hâlée. Alors, il avance son visage. Posée en face de lui, la caméra le prend en gros plan. La bouche ouverte qui engloutit jusqu’à la garde cette tige blanche et dressée comme un arc vers le ciel violet. L’œil vide et la lippe pendante. Toute la magie s’en va. Enfouie dans les profondeurs de cette gorge abyssale, la banane est sectionnée d’un coup de dents. Elle s’enfonce dans les entrailles du tennisman goulu. Elle explose en mousse épaisse. Elle remplit d’un seul coup les joues du gladiateur qui mâche dans le mou et déglutit avec peine. Il est au bord de l’étouffement. Il avale une fois. Il avale deux fois. Il n’a plus de salive. Il reprend un coup d’eau minérale. Il se racle la gorge et respire avec difficulté. Son œsophage est encombré.  Il a toujours sa banane à la main. Le temps qui lui est imparti touche à sa fin. Le tennisman emprunté prend le reste de la banane, referme les quatre lanières de peau autour de la tige charnue qui porte encore la marque de ses dents. Il fait un petit paquet bien propre. Le jeu reprend. Le soleil darde ses rayons obliques sur la peau de banane qui se remplit de taches brunes. Le jeu s’éternise.

Le soleil crépite.
La banana split.

Remerciements @Soupir59‎ princesse québécoise qui n’oublie pas que les bananes sont remplies d’os. Et c’est  @theoneshotmi qui a créé les costumes

La banane est un légume frais qui vire du vert au jaune suivant son état d’avancement.

Oblongue et incurvée comme un boomerang, elle a déjà beaucoup servi. Un sondage représentatif sur un échantillon de 1345 personnes de sexe masculin, féminin, ou sans opinion a montré que 100% des sondés ont l’air parfaitement ridicules lorsqu’ils mangent une banane.

Prenons par exemple un tennisman. Il est beau. Il est bronzé. Son corps poli brille sous le soleil qui décline. Il survole le court d’une foulée agile. Il virevolte et danse. Il égaie le filet d’une volée diaphane. Il transpire, certes, mais ce sont des perles de rosée qui se noient dans son bandana façon pirate. À la fin de l’échange le tennisman s’assied. Il regarde le vide. Il boit une gorgée de boisson isotonique bleue. Il s’essuie. Il boit un coup d’eau minérale pour faire glisser l’infâme mixture colorée à l’encre de marker fluorescent. Il s’essuie encore. Il regarde au loin, un point imaginaire au milieu de la foule. Il se dit que c’est pas tout ça, il faudrait peut-être voir pour la suite. Il a un creux à l’estomac. Il plonge dans les entrailles de son sac rouge. Il fouille et il farfouille. Ici les bandeaux de rechange. Là, la réserve de bandanas façon pirate. Les chaussettes. Le pull de rechange. Les raquettes emballées dans un voile de cellophane.
Enfin, il se redresse sur sa chaise. Le soleil déclinant coule sur la foule et creuse des ombres  bleues sur le visage du gladiateur moite et doré. Certaines jeunes filles se pâment. Certains jeunes hommes aussi. Le tennisman a une banane à la main. Il fait plier la queue d’un coup sec pour ouvrir une fente dans la peau qu’il débite en quatre lanières égales. Érigée et blanche, la tête de la banane surgit de son fourreau déchiré, de cette corolle molle qui pend en quatre lambeaux tristes sur cette main hâlée. Alors, il avance son visage. Posée en face de lui, la caméra le prend en gros plan. La bouche ouverte qui engloutit jusqu’à la garde cette tige blanche et dressée comme un arc vers le ciel violet. L’œil vide et la lippe pendante. Toute la magie s’en va. Enfouie dans les profondeurs de cette gorge abyssale, la banane est sectionnée d’un coup de dents. Elle s’enfonce dans les entrailles du tennisman goulu. Elle explose en mousse épaisse. Elle remplit d’un seul coup les joues du gladiateur qui mâche dans le mou et déglutit avec peine. Il est au bord de l’étouffement. Il avale une fois. Il avale deux fois. Il n’a plus de salive. Il reprend un coup d’eau minérale. Il se racle la gorge et respire avec difficulté. Son œsophage est encombré.  Il a toujours sa banane à la main. Le temps qui lui est imparti touche à sa fin. Le tennisman emprunté prend le reste de la banane, referme les quatre lanières de peau autour de la tige charnue qui porte encore la marque de ses dents. Il fait un petit paquet bien propre. Le jeu reprend. Le soleil darde ses rayons obliques sur la peau de banane qui se remplit de taches brunes. Le jeu s’éternise.

Le soleil crépite.
La banana split.

Remerciements @Soupir59‎ princesse québécoise qui n’oublie pas que les bananes sont remplies d’os. Et c’est  @theoneshotmi qui a créé les costumes

La banane est un légume frais qui vire du vert au jaune suivant son état d’avancement.

Oblongue et incurvée comme un boomerang, elle a déjà beaucoup servi. Un sondage représentatif sur un échantillon de 1345 personnes de sexe masculin, féminin, ou sans opinion a montré que 100% des sondés ont l’air parfaitement ridicules lorsqu’ils mangent une banane.

Prenons par exemple un tennisman. Il est beau. Il est bronzé. Son corps poli brille sous le soleil qui décline. Il survole le court d’une foulée agile. Il virevolte et danse. Il égaie le filet d’une volée diaphane. Il transpire, certes, mais ce sont des perles de rosée qui se noient dans son bandana façon pirate. À la fin de l’échange le tennisman s’assied. Il regarde le vide. Il boit une gorgée de boisson isotonique bleue. Il s’essuie. Il boit un coup d’eau minérale pour faire glisser l’infâme mixture colorée à l’encre de marker fluorescent. Il s’essuie encore. Il regarde au loin, un point imaginaire au milieu de la foule. Il se dit que c’est pas tout ça, il faudrait peut-être voir pour la suite. Il a un creux à l’estomac. Il plonge dans les entrailles de son sac rouge. Il fouille et il farfouille. Ici les bandeaux de rechange. Là, la réserve de bandanas façon pirate. Les chaussettes. Le pull de rechange. Les raquettes emballées dans un voile de cellophane.
Enfin, il se redresse sur sa chaise. Le soleil déclinant coule sur la foule et creuse des ombres  bleues sur le visage du gladiateur moite et doré. Certaines jeunes filles se pâment. Certains jeunes hommes aussi. Le tennisman a une banane à la main. Il fait plier la queue d’un coup sec pour ouvrir une fente dans la peau qu’il débite en quatre lanières égales. Érigée et blanche, la tête de la banane surgit de son fourreau déchiré, de cette corolle molle qui pend en quatre lambeaux tristes sur cette main hâlée. Alors, il avance son visage. Posée en face de lui, la caméra le prend en gros plan. La bouche ouverte qui engloutit jusqu’à la garde cette tige blanche et dressée comme un arc vers le ciel violet. L’œil vide et la lippe pendante. Toute la magie s’en va. Enfouie dans les profondeurs de cette gorge abyssale, la banane est sectionnée d’un coup de dents. Elle s’enfonce dans les entrailles du tennisman goulu. Elle explose en mousse épaisse. Elle remplit d’un seul coup les joues du gladiateur qui mâche dans le mou et déglutit avec peine. Il est au bord de l’étouffement. Il avale une fois. Il avale deux fois. Il n’a plus de salive. Il reprend un coup d’eau minérale. Il se racle la gorge et respire avec difficulté. Son œsophage est encombré.  Il a toujours sa banane à la main. Le temps qui lui est imparti touche à sa fin. Le tennisman emprunté prend le reste de la banane, referme les quatre lanières de peau autour de la tige charnue qui porte encore la marque de ses dents. Il fait un petit paquet bien propre. Le jeu reprend. Le soleil darde ses rayons obliques sur la peau de banane qui se remplit de taches brunes. Le jeu s’éternise.

Le soleil crépite.
La banana split.

Remerciements @Soupir59‎ princesse québécoise qui n’oublie pas que les bananes sont remplies d’os. Et c’est  @theoneshotmi qui a créé les costumes

Couché sur le dos

Le temps passe en silence dans le fracas des jours qui passent.

La neige tombe et le temps passe. Une femme tombe et le temps passe. Une année passe et le temps passe. Une année, un siècle, un millénaire ou dix millions d’années.

Le temps passe, imperturbablement.

Tu as fais quoi hier ? Tu feras quoi demain ? Et maintenant, tu fais quoi ?
Entre hier et demain, entre onze heures et midi, entre deux fractions de secondes, une pulsation forme une bosse légère au creux de mon poignet.

Fine et translucide, la peau se soulève, imperceptiblement.

L’instant où se forme cette bosse minuscule contient tous  les printemps du monde. Toutes les neiges et tous les étés. Toutes les odeurs du crépuscule. Toutes les aubes bleues ou grises, les aubes sales, les matins brillants au petit-déjeuner. Toutes les années tristes et gaies. Tous les avions qui tombent. Tout le feu de la terre.

Tous les mondes qui se défont pour se refaire ailleurs.

Couché sur le dos, je regarde tous les nuages qui passent entre deux battements de mon cœur.

Aux passagers assis sur mes sièges éjectables

WordPress.com fournit un toit informatique à mes nuages qui passent avant d’aller mourir.

À la fin de l’année, WordPress.com m’écrit pour me parler de mon blog, est-ce qu’il va bien, est-ce qu’il a la fièvre, est-ce qu’il est contagieux.

Pour le bulletin de santé, WordPress me dit que Wow ! Ce que je résumerai en disant que ce blog pète le feu.

Pour la propagation pandémique du non-sens verbal diffusé en ces lieux, WordPress calcule que ce blog a été visité plus de 9100 fois au cours de l’année écoulée. 9100 passagers sont montés sur ces lignes, l’équivalent de 22 Boeing 747-400. (Un 747-400 est un très gros avion qui peut avaler 416 passagers d’un seul coup, voyez WordPress un étage plus bas.)
Certes, il y a les passagers égarés, venus là en recherchant un véritable horoscope de l’homme sagittaire et qui s’en vont en claquant la porte. Il y a aussi les passagers distraits. Les passagers intéressés par le Prince Charles qui trouvent Camillus. Les kamikazes qui ont embarqué plusieurs fois en essayant de quitter la cabine en flammes pendant que le pilote quittait l’avion.
Mais bon. Rendez-vous compte. 22 Boeing 747-400. Et pas un seul gramme de kérosène. Un blog auto-propulsé, cent pour cent naturel et entièrement biodégradable.

Alors, je voulais dire merci à tous les intrépides voyageurs qui se sont assis dans un de mes sièges éjectables au cours de l’an de grâce 2010. Et que 2011 vous propulse dans les hautes couches de la stratosphère, où vous serez à l’aise pour regarder les avions qui tombent et se noient dans la mer.
Et surtout pour vous rappeler que la fin du monde est programmée pour le vendredi 21 décembre 2012. Alors, n’écoutez pas les longues plaintes de votre estomac. Reprenez une coupe et deux tartines de foie gras. Tout au long de l’année au petit-déjeuner. N’attendez pas Noël et la nouvelle année.

Le prochain réveillon sera le dernier.