Intérieur Nuit (2)

Le projecteur se rallume sur Aurélie assise de profil sur sa chaise suspendue dans le vide.

Aurélie :

Aujourd’hui j’ai froid. J’ai très froid.
Hier, je ne me souviens pas.
Peut-être qu’il faisait beau hier. Peut-être qu’hier c’était le printemps. Il faudrait pouvoir revenir en arrière. Je voudrais remonter le temps. Non! Jamais! Pas une seconde. Hier était moche. Avant-hier aussi.
Berk. BERK !
Hier est moche.
Hier est MOCHE. Bien plus moche qu’aujourd’hui.  Hier est mort et n’a jamais existé. Hier, je portais une robe à fleurs. Un chapeau ou des pantalons. Hier il  faisait beau. Hier, il faisait moche. Vilain. Pas beau. Hier ment comme je respire, hier ment encore plus que demain. Hier, je voudrai une glace à la vanille. Un bonbon à la menthe. Une tarte au citron. Hier, je serai pute ou soumise, épinglée sur mes talons hauts. Hier je serai Présidente, ouvrière, conductrice de locomotive. Hier je serai blonde. Rousse. Chauve. Hier je serai grande. Hier je serai une femme d’intérieur. Une femme-enfant. Une femme-fille ou une femme-garçon.
Hier j’aurai envie d’une jolie maison. Je ferai le ménage. J’aurai une télévision.
Hier je vais vomir.
Hier, j’irai assassiner demain.

Noir

Âââââââââââh.

Avez-vous jamais éprouvé un moment tiède de satisfaction béate? Un peu comme après les profiteroles, vous voyez ? Après le douzième plat, alors le chocolat noir referme le couvercle de vos intérieurs compressés et que votre estomac s’illumine à la vue d’une bouteille remplie d’un liquide ocre et extrait du siècle dernier.

Âââââââââââh.

Eh bien, pas plus tard qu’aujourd’hui, j’éprouvai ce même sentiment, sans blanquette de veau à l’ancienne, sans profiteroles et sans aucune boisson alcoolisée à base de malt pour mettre en joie vos sens tout en préservant la souplesse de vos artères.
Il était pas loin de quatorze heures. J’avais déjeuné, mais sans excès et j’avais bu de l’eau claire quand, tout à coup, je fus la victime d’une agression virtuelle et combinée sur un réseau social que nous appellerons Twitter.

Le sujet de cette embuscade a déjà fait l’objet d’un début de troisième guerre mondiale sur ce site. Pour faire court, nous dirons qu’une philosophe volante parisienne s’était mise en tête de démontrer la présence de trous dans le Gruyère, alors que tout le monde sait bien QU’IL Y A PAS DE TROUS DANS LE GRUYÈRE. On voit bien là à quel point la Parisienne est déconnectée des réalités du monde rural : de  l’agriculture elle ne connait que le Salon.

Donc, notre philosophe ailée profite d’un moment d’inattention de ma part pour s’introduire nuitamment dans la salle de contrôle de mon blog. (Je faisais la sieste, après les profiteroles) La voilà qui s’installe derrière le clavier pour écrire un article embrouillé que je n’arrive pas à effacer malgré l’utilisation quotidienne d’un détergent puissant. Il ressort de ce développement pétaradant que si le Gruyère n’avait pas de trous, alors ce serait du marbre et que, par conséquent, plus il y a de Gruyère, moins il y a de Gruyère. Certes.
En même temps, elle achète sur Amazon des sandales ailées de deuxième main ayant appartenu à Hermès. Hermès, le Dieu. Pas la maison qui fabrique des carrés en soie. Vous me suivez ?

N’empêche, le mal est fait. Le doute s’installe. On sent comme une gêne, comme un début de malaise. Se pourrait-il après tout que le Gruyère puisse avoir des trous ? Sentant venir sur moi le souffle mou de la dubitation, je décide d’utiliser les grands moyens et de recourir aux services d’une détective photographe professionnelle (et en plus, elle écrit) basée à Marseille pour des raisons d’exil fiscal et que vous retrouvez sous l’appellation @theoneshotmi chez Twitter. Un pseudonyme qui en dit long si vous voulez mon avis.

L’enquête dura des mois et rien ne nous fut épargné. Je crus défaillir à plusieurs reprises. Jamais cette jeune personne ne leva le petit doigt pour se porter à mon secours.  J’aurais pu mourir cent fois. J’avais faim. J’avais froid. J’avais des hauts et j’avais des bas. Contrairement à cette jeune demoiselle qui taillait la route sans jamais se retourner ni me tendre une main secourable alors que je passais mon temps suspendu au-dessus du vide. La preuve par cet extrait de notre grande enquête exclusive qui livre enfin toute la vérité sur le Gruyère. Je vous laisse juge du ton adopté par cette jeune femme lorsqu’elle s’adresse à moi. Page 123. Je cite :
« Ecoute Nicolas… Bien sûr, tu aurais pu tomber, te faire mal, te casser en deux ou en quatre. Bien sûr, ça aurait pu arriver. Mais ça n’est PAS arrivé. Tu n’es PAS tombé. Recompte avec moi : deux jambes. Deux bras. Une grosse tête entre les deux oreilles. Une féérie anatomique. Pour le reste, je ne dis pas. Pour le reste, c’est pas un psy qu’il te faudrait, c’est un bon garagiste. Maintenant, faut que ça cesse. Tes états d’âme : on s’en fout. Tes migraines : on s’en fout. Tes vapeurs ? On s’en fout. J’ai assez vu ta petite tête de fleur de navet. Maintenant, on termine le travail. Après tu pourras mourir quand tu veux et dans d’atroces souffrances. »

Et le respect pour mes cheveux blancs, c’est du poulet ?

Des mois d’enquête pour aboutir enfin à la preuve irréfutable de l’absence totale de trous dans le Gruyère. J’échappais une dernière  fois à une mort certaine lorsque je répondis à l’invitation de cette juvénile détective à la rejoindre dans sa ville sous le fallacieux prétexte de fêter cet heureux dénouement. Pour ma défense, il faut préciser que c’était octobre, gris, sombre et décérébré. La perspective d’un voyage à Marseille avait réveillé en moi un goût d’été. Je partis donc le cœur léger.  Marseille, le sud, les boules et le pastis toute l’année. Moi, comme tout le monde j’avais vécu abreuvé de Pagnol et de marketing cigalier.
Je débarquai donc sur le Vieux-Port en tongs et chemise hawaïenne par une température d’à peu près zéro degré. Pour dire les choses, il fait toujours froid à Marseille. Hiver comme été, sans parler de l’automne. Et toute l’année, c’est la mousson. Quand je suis arrivé, le ciel pleuvait des hallebardes et les nuées ne cessaient de se déchirer pour déverser sur mon corps transi le contenu de pleines lessiveuses. Quand je suis reparti, le rideau de pluie était si dense que j’ai dû remonter à la nage la longueur du quai qui me menait à la voiture 12 du TGV. Je faillis attraper une broncho-pneumonie. Je rentrai chez moi have et décharné.

Mais, en dépit de la pluie qui ne cesse de tomber sur Marseille, et nonobstant l’incrédulité des philosophes qui volent, je n’ai eu de cesse, durant tout ce temps, de lutter contre les forces malignes qui tentent sournoisement d’imposer l’idée d’un Gruyère à trous dans l’esprit du public.

Et aujourd’hui, après la bataille est enfin venue l’heure de la consécration. L’heure de la récompense. Alléluia. Je remercie ma famille. Mes parents. La Vie. Dieu. J’avais préparé un petit compliment mais l’émotion m’étreint au moment de vous dire que nous avons vaincu. Le dernier carré s’est rendu. J’ai ici l’acte de reddition. Daté. Authentifié de la main propre d’Isabelle Pariente-Butterlin, philosophe volante qui s’écrase. Qui capitule. Qui baisse le pavillon. Qui admet sans conditions l’absence totale de trous dans le Gruyère.

VOICI.

 

Ndlr. Certains habitués auront remarqué qu’il s’agit d’un DM, un message personnel qu’on envoie directement à son destinataire sur Twitter et ojecteront que ces messages personnels ne sont pas destinés à la publication. À cette remarque, je répondrai : et mon œil, est-ce un chou de Bruxelles ?

Intérieur nuit (1)

Intérieur nuit.
Au fond de la scène, on distingue un lit dans la pénombre.
À côté du lit, une batterie d’instruments de mesure. Des diodes rouges et bleues clignotent. Des courbes et des chiffres bougent sur les écrans de contrôle. Le souffle d’un respirateur ponctue le silence à intervalles réguliers.
Un projecteur s’allume. À l’avant de la scène, on découvre une femme de profil assise sur une chaise suspendue dans le vide, à deux mètres au-dessus du sol.
Noir sur l’arrière-scène. Silence.

Aurélie :

J’ai tellement froid.
J’ai horriblement froid. J’ai froid partout, j’ai froid jusqu’au fond des os. Je voudrais un bouillon de poule. Un grand feu de cheminée. Un grand feu bien rouge avec des sarments secs qui craquent. Un feu de sarments, ce serait merveilleux. Quand j’étais petite, il y avait des feux dans les vignes au printemps. Partout dans les vignes, des feux de sarments. Des cages rouges aux parois incandescentes. J’allais y frotter mon visage au risque qu’une lame d’air chaud rabattue par le vent n’enflamme mes joues ou me brûle les sourcils. J’aimais sentir l’odeur de mes sourcils grillés. J’aimais leur poussière fine sur le dos de ma main.
Je voudrais un thé.
Un grand thé vert avec beaucoup de miel. Je pencherais mon visage sur mes mains refermées en vase autour de la tasse qui fume. Je resterais comme ça, sans bouger. Les yeux fermés. Le nez dans la vapeur du thé vert, à inhaler l’odeur du miel. J’attendrais sans bouger que le thé refroidisse, mes mains fermées en coque, tout autour de la tasse.
J’aimerais poser ma joue sur une joue tiède. J’aimerais poser ma main dans une main tiède. J’aimerais toucher un fer rouge. J’aimerais entendre ma peau qui grésille. J’aimerais sentir l’odeur de ma peau grillée. J’aimerais un cognac, couleur terre de Sienne brûlée. Un cognac soyeux qui me flambe le ventre et me brûle de l’intérieur.
À midi, j’aimerais les morsures des rayons  du soleil à la verticale de mes épaules nues.
Une couverture en cachemire.
Un bouillon de poule avec un œuf dedans.
J’ai tellement froid.

Noir.

Un fil rouge ou noir


Qu’est-ce que ça peut faire la couleur du fil?

C’est un fil qui s’étire à l’infini. Un fil embrouillé et tendu au-dessus des montagnes. Un fil posé au fond des mers et des océans. C’est un fil obstiné. Un fil fluide qui coule sans se blesser entre les lames du ciseau.

C’est un fil élastique qui ne voudra jamais lâcher et que je voudrais bien tendre jusqu’à son point de rupture avant de l’envoyer en pleine figure, dans la face du temps qui passe. Un fil de fer suspendu à un dos de pont suspendu. Un fil doré qui fait le tour d’un tronc d’arbre planté dans le mois de juillet. Un fil invisible qui s’allume seulement à la lueur des étoiles. Un fil noir qui brille seulement quand il fait nuit.

Un fil de barbe à papa.  C’est exactement ça. Un fil qui ne commence pas. Qui ne finit pas. Qui s’entortille autour des doigts. Alors, je secoue les mains, je gesticule, je brasse de l’air en accéléré. Toute cette agitation, c’est comique. Je fais des mouvements épileptiques, et mes mains  tragiques,  mes mains s’agitent dans le vide.  À la fin, le fil reste collé autour de mes mains.

À la fin, il reste ce fil qui traverse le monde, les montagnes et les océans. Un fil qui contourne les bombes et les éclats d’obus. Un fil rouge et noir qui part d’ici et passe par deux bracelets que ses poignets retiennent.  Un fil qui résiste au soleil de plomb, à l’eau et au sel. Un fil qui vibre comme ça, sans raison, au milieu de la nuit.

Je me réveille.

Le fil tendu résonne comme une corde de contrebasse. Je regarde le ciel. Tout est si calme ici. Pendant ce temps, elle est en guerre. Je regarde la nuit et la nuit me regarde.
J’essaie de ne plus y penser.

J’essaie d’oublier que sa vie ne tient qu’à un fil.

Les mots perdus (IV)

À l’hôpital, réunis autour du lit, infirmières et médecins sont venus pour faire le point.
Point par point.
Ce qu’elle entend. Ce qu’elle voit. Ce qu’elle peut faire ou pas. Elle peut se lever ou s’asseoir. Elle peut marcher avec l’aide d’un appareil qui ressemble à un petit chariot de supermarché. On pourrait dire qu’elle peut supermarcher.
Elle peut boire et elle peut manger. Faire un brin de toilette. Pour les toilettes, c’est plus compliqué, mais là, elle peut aider. À 84 ans, ma maman peut encore faire plein de choses, même avec une tache sombre qui reste collée sur son cerveau.

Ensuite on passe aux aspects pratiques. Est-ce qu’on a bien vérifié les hauteurs des seuils et les largeurs de portes? Est-ce que le lit médicalisé est en place? Est-ce que l’ordonnance a bien été transmise à la pharmacie? Est-ce que personnel soignant a bien été informé? Est-ce que l’infirmière sera bien là lundi soir pour la première visite à domicile? Est-ce que tout sera prêt, lorsque maman sera rentrée chez elle, lundi prochain?

Lundi prochain arrive et il fait beau. Ce vent chaud qui souffle ici en cascade s’appelle le foehn. C’est un vent un peu fou qui fait souvent naître un jour d’été au beau milieu de l’hiver. Il fait clair. Il fait net. On dirait qu’une main invisible a nettoyé à grande eau les montagnes pour les mettre à portée de nos mains.
La porte des urgences s’ouvre. Assise sur une chaise roulante, maman franchit le seuil de l’hôpital. D’un seul coup, elle est dehors. Au milieu du soleil et du vent. D’un seul coup, elle retrouve le monde qui sent la terre et l’odeur de l’herbe au printemps. Le bourdonnement des automobiles. D’un seul coup, elle se retrouve au milieu du monde qui brille, qui braille et qui tombe.

Je sais bien qu’elle a peur. Alors, je ne perds pas de temps. La porte de la voiture est ouverte et nous l’installons sur le siège avant. Je referme la porte. Sa valise est déjà dans le coffre. Je m’installe derrière le volant.

Je sais bien qu’elle a peur. Je lui prends la main. Je tourne la clé. Contact. Je démarre tout doucement en essayant d’étouffer la voix du moteur, d’escamoter l’amorce du mouvement. Et de très loin tout au fond de moi remonte comme une marée le flux d’un souvenir enfoui qui me ramène dans un autre temps, devant la porte d’un autre hôpital. Sur le siège avant, la maman est très jeune.  À l’arrière, emmitouflé dans un couffin, notre fils de cinq jours est peut-être en train de dormir. Je démarre aussi doucement que possible. J’essaie d’étouffer le bruit du moteur et d’effacer la trace des courbes sur la route. Je transporte un trésor hautement périssable, un début de vie fragile qu’il faut protéger des chocs et du froid.

À côté de moi, ma maman regarde le paysage qui défile. Dans les vignes, les premières feuilles ont poussé. Elle montre avec son index. Elle dit : « Beau. » Elle porte un survêtement en éponge bleu pâle. Elle a aux pieds une paire de chaussettes anti-dérapantes.

Je transporte une vie fragile. On nait aussi à 84 ans.

« De l’enfance en soi »


Accorte lectrice et lecteur exquis.

Je m’adresse à vous qui venez régulièrement visiter ce lieu en espérant trouver des choses intéressantes à lire et repartez consternés en secouant la tête. Eh bien, pour une fois, vous n’allez pas être déçus. Aujourd’hui, justement, je vous propose de quitter au plus vite cet endroit consternant et d’aller faire un tour Aux Bords Des Mondes.

Vous trouverez là, penchée sur une balustrade un peu rouillée qui surplombe le vide, Isabelle Pariente-Butterlin, philosophe… Attendez! Ne vous enfuyez pas! Laissez-moi vous expliquer! Asseyez-vous. Voilà. Reprenons. Je disais donc : Isabelle Pariente-Butterlin, philosophe, certes, mais philosophe télescopique à écran panoramique. Philosophe ébouriffée et montée sur des ballerines tout-terrain qui ne craignent ni l’eau de pluie ni l’eau de mer. Philosophe fashioniste culottée qui n’hésite pas à braquer Hermès pour lui faucher ses sandales ailées façon glitter.
Une philosophe volante, ça a de l’allure, non? Je vois comme un frémissement dans l’assistance. Vous voyez que vous avez bien fait de rester!

Clairement philosophe lorsqu’il s’agit de parler de Kant, Isabelle Pariente-Butterlin est également philosophe-maman et c’est par ce biais-là que je vous propose de la découvrir. Il y a Aux Bords Des Mondes une série intitulée « De l’enfance en soi » où elle pose son regard de maman sur sa fille, sur ses filles et sur tous les enfants du monde. C’est un regard tendre et tout à fait singulier: le regard d’une femme entre deux mondes, une femme qui aurait retiré ses ballerines pour longer le bord de mer, et qui marche à pieds nus sur cette ligne floue que la terre dessine au bord de l’eau du monde. Je soupçonne Isabelle de n’avoir pas tout à fait quitté le monde de l’enfance. Pas tout à fait. Pas encore. Pas maintenant. Un pied au sec et un pied dans l’eau. Et parfois encore, je la vois qui saute à pieds joints dans une vague trop longue, juste pour une seconde, juste pour sentir le poids de l’eau sur l’ourlet de sa robe. Sentir le vent et le froid des éclaboussures de l’eau sur sa peau éclaboussée de soleil. Fermer les yeux, juste une seconde.

Ensuite, elle poursuit sa course, en équilibre entre deux mondes. Parfois elle trébuche. Elle pose un pied dans l’eau. Parfois elle tombe sur le côté dur de la terre. Vous la voyez à terre. Vous vous précipitez. Le visage tourné vers le sol, elle vous arrête d’un geste de la main. Tout va bien. Elle n’a pas besoin d’aide. C’est juste un accident. Un petit accident. D’ailleurs, elle se relève déjà, les deux genoux constellés d’étoiles de sable dur. Sa bouche tremble un peu. Elle fixe le sol, les yeux trop brillants et le sourire gondolé. Lorsqu’enfin elle relève la tête, son menton tremble encore un peu mais elle vous dit d’une voix claire et en détachant chaque syllabe:

« MÊME PAS MAL! »

En titre, un fragment d’une photo d’Isabelle qui est également la présidente auto-proclamée de l’Académie des Nuages.

%d blogueurs aiment cette page :