Tout le monde naît. Copulation. Accouchement. Cordon ombilical qui tombe et laisse un trou noir à la base du ventre.
Je suis née sans nombril.
J’ai un ventre parfaitement lisse. Du haut en bas. Ça vous étonne, hein ? Vous avez tous les trous qu’il faut à la place qu’il faut. Vous marchez, solides, à la surface de la terre. Vos pas lourds s’impriment sur le gravier. Vos pas font du bruit sur les pavés. Vous avez le pas concret, vos deux pieds bien plantés dans la terre. Vos corps tièdes mangent des croissants et boivent du café. Vos corps tièdes se serrent contre d’autres corps tièdes pour en éprouver la tiédeur. Lorsque vos corps tièdes se refroidissent, c’est votre nombril qui pourrit en premier.
Je suis née sans nombril, c’est normal. Vos pavés, je m’en tape. Vos pieds interminables, je vous les laisse. Votre monde n’est pas le mien. Il y a cent mille autre mondes. Cent millions d’autres mondes qui apparaissent chaque jour. Des mondes en gestation. Des mondes en construction. Des mondes finis. Pour rassurer votre chair tiède, vous dites que c’est de la fiction. Vous dites que ce sont des histoires, que toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existé relève de la plus parfaite coïncidence. Vous dites que c’est la faute à l’imagination. Vous dites que ce sont des histoires, juste des histoires à raconter avant de s’endormir, des histoires pour rire ou avoir peur, des histoires pour aller voir ailleurs. Avant de revenir ici.
Ça vous rassure. Ça vous rassure de savoir que vos cartes sont remplies de lieux bien solides, qu’on peut visiter. À aucun endroit, sur aucune carte du monde, il existe une ville noire que la pluie dilue et qui s’appelle Gotham City. Gotham City n’existe pas. Essayez pour voir. Introduisez « Gotham City » dans un système de navigation. Le système ne sait pas. Il n’a pas d’itinéraire à vous proposer. Le système ne visite que des endroits ayant réellement existé.
Et pourtant j’existe, mon ventre intact, et je bouge. J’habite un quartier de Paris. Le soir tombe. Allongée sur mon lit, j’attends la suite.
J’attends mon prochain chapitre.
Une femme-gruyère ?
.o)
O.K., je sors…
Ah mais ça tourne à l’obsession enfin ! Je signale que j’ai livré l’histoire définitive du Gruyère à cette jeune fille marseillaise de ta connaissance. Qui doit mettre des photos et de la mise en page. Après, le sujet aura été élucidé et même épuisé. C’est une histoire qui n’a pas froid aux yeux et qu’il faudra éviter de lire la nuit.
Grrrrrrrrr !
Cool, Zen ^^
Je n’en savais rien.
Je laisse donc l’affaire en de bonnes mains et tourne la page fromage sans nombril.
Pour l’histoire, j’avoue aimer plonger dans le bizarre, même la nuit. Je lirai donc à l’heure qui me plait peut-être pour me faire peur dansd le noir.
Tchô voisin .o)
Moi je veux un ventre plat avec ou sans nombril…mais plat…j’en ferais tout un plat pour l’avoir plat ce ventre rond. Et puis ce trou au milieu il ne sert à rien et nous rappelle notre première cicatrice. La première fois ou l’on nous a passé au ciseau pour couper ce cordon qui soit dit en passant en n’aura déjà étranglé plus qu’un (peut-être pour ça qu’on le coupe finalement)… Bon je sors car je m’écarte, m’éloigne toujours du sujet…c’est bien moi ça. Neurones encore disjonctés…
C’était pour te faire un coucou au passage parce que je t’apprécie.
À bientôt Nicolas,
Denise
Oui, mais quel est le sujet ? Moi-même, je me demande, chère et disjonctée Denise, quand je me relis, je me demande bien quel était le sujet, je crois que je nage dans la plus extrême confusion, heureusement que tu es là pour recadrer un peu les choses.