Chansons d’automne


Je vais vivre quelques semaines avec Barbra Streisand. Quelques semaines ou quelques mois. Ou quelques années peut-être.  Sa voix calée dans l’habitacle de ma voiture. Sa voix calée entre mes deux oreilles. Sa voix  dans les tons dorés de l’automne. Sa voix qui craque dans la cheminée. Sa voix au printemps. Sa voix de crépuscule dans l’été que la mer étale. Sa voix majuscule. Souple. Bronzée. Voilée. Murmurée. Puissante. Fragile. Intacte. Même quand tous les printemps s’en sont allés.
« When all the Springs have come and gone. »

Quand tous les étés se sont noyés dans tous les mois de septembre, Barbra Streisand regarde les feuilles de sa vie qui se ramassent à la pelle. Elle prend une feuille rousse. Une feuille blonde. Une feuille rouge, au rouge passé.  Elle s’assied sur un tabouret de bar. Elle regarde la salle suspendue à son souffle. Elle sourit. Le piano envoie deux notes de jazz pour faire danser les étoiles. Et elle chante. Ou elle parle, c’est pareil. Elle raconte des histoires qu’elle connaît par cœur. Ce qu’elle a retenu. Ce qui compte le plus.
« What matters most »

Il y a de la poussière dans What Matters Most. Des plaines aussi larges que le ciel. De la terre qui fume après la pluie. Du vent tiède et de la solitude. Du jazz après minuit. Il y a peut-être tout ce que l’Amérique nous a donné de meilleur dans cette voix que le temps ne parvient pas à altérer.

Le rêve brisé  d’un été sans fin qui finit par se terminer.

Auteur : Nicolas Esse

Depuis 1962, je regarde les nuages qui passent avant d'aller mourir.

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