– Et toi qui regardes le ciel, que préfères-tu, l’est ou l’ouest ?
– Dans le ciel, je vois des nuages et toute la course du soleil.
– Le levant ou le couchant ?
– Le dîner ou le petit déjeuner. S’asseoir. Manger. Boire. Répéter. Nous ne sommes que des estomacs.
– Tu ne réponds pas.
– Tous les jours. La même faim. La même soif. Et nous, forcés de nous asseoir à la même table, encore et encore. Tous les jours le même refrain, la chanson du ventre vide et du ventre plein. Se lever. Se coucher. Comment pouvons-nous supporter ça ?
– Le lever ou le coucher ?
– Se lever, pourquoi ? Se coucher, pourquoi ? Douche et petit-déjeuner. Et ce soir il y aura le dîner. Entre deux un espace vague. Un décompte macabre. Moins une seconde moins une seconde moins une seconde. Un très long crépuscule.
– Justement, plutôt aube ou crépuscule ?
– La nuit mange tout et l’aube régurgite tout. La fumée des usines et les tas de linge sale. Toute la laideur du monde, tout ce qu’on voudrait oublier, l’aube se charge de nous le rappeler. Tous les matins. Obstinément.
– Alors, tu préfères l’ouest.
– L’ouest marche sans cesse vers le bord bleu de la terre, à l’endroit où le soleil vient se noyer chaque soir. Chaque soir je crois qu’il est mort et je me couche en espérant qu’il n’y ait pas de matin.
Très bien écrit ce pan de vie ! j’aime beaucoup
Merci ! Juste suivi le fil de la première phrase.
La première phrase était la bonne. La dernière phrase redonne l’élan de relire la première. Peut-être que j’ai simplement aimé, très aimé, ce texte. Je retourne le lire.
Je sais pas trop Denise. Des fois, tu as juste une suite de mots qui tourne en boucle dans ta tête. Tu oublies et puis ça revient, tu sais pas trop pourquoi mais tu ne peux pas t’en défaire et un jour tu as un début, une fin et il ne te reste plus qu’à remplir l’espace laissé au milieu.
Écrire, ça sert fréquemment à combler un vide, et à mon humble avis, tu as bien rempli cet espace 🙂