Sous trente centimètres de neige, le monde marche sur une patte.
Alors, prenons deux mètres de neige. Saupoudrons. Étalons à la spatule sur un aéroport.
Que voyons-nous ?
Sur cet aéroport, les avions sont rangés en rangs d’oignons. La neige légère fait ployer leurs ailes déplumées. Ils ont la tête basse et le ventre vide. Leurs passagers endormis dans le ventre gris des aérogares. Leurs passagers assis dans une chambre d’hôtel, qui regardent la neige tomber, inlassablement. Leurs passagers immobiles dans l’espace vide du temps refermé. Sans rendez-vous important. Sans réunion stratégique. Sans courbes de croissance projetées sur un écran blanc. Sans négociation de prix. Sans signature du contrat.
C’est terrible.
Il y aura des conséquences incalculables.
Des pertes colossales.
Des millions d’emplois seront perdus.
Peut-être même une crise économique sans précédent.
Dehors, la neige tombe. Continuellement.
Les passagers ne partiront pas. Alors, ils envoient au monde entier cette terrible nouvelle : « Les passagers ne partiront pas ». Sur leurs ordinateurs ils écrivent : l’aéroport est fermé. Je ne pourrai pas être présent pour la réunion stratégique. C’est grave. Extrêmement grave.
Dehors la neige tombe. Imperturbablement.
Les passagers prennent leur téléphone pour dire que non, ils ne partiront pas. Ils ne seront pas là ce soir pour embrasser les enfants.
Après un temps d’hésitation, la neige se remet à tomber.
Les passagers sont très énervés. Il doit bien y avoir un moyen de faire décoller les avions. C’est invraisemblable tout de même. Moi qui devais me rendre à la Réunion. Manger un homard à la vanille. Faire la planche dans le grand lagon.
La neige redouble d’intensité.
Après deux jours la neige fond.
Privés de leur baiser du soir les enfants ont pleuré.
La neige regrette.
Privées de Directeur de la Communication, les réunions stratégiques n’ont pas eu lieu.
La neige s’en fiche comme d’une cerise.
Les contrats attendent toujours la signature du Chief Executive Officer.
La neige s’en contrefout.
Dans le grand lagon de l’Île de la Réunion, le requin a fait des ronds dans l’eau en attendant un touriste dodu à la chair pâle.
La neige compatit.
Pendant deux jours, deux mètres de neige ont changé le cours du monde.
Deux jours plus tard, rien n’a changé.
Regrettable contre-temps … Je t’attends pour le canard à la vanille (et non le homard, pffffff !) 😉 http://chezjoa.goodbb.net/la-reunion-f60/canard-a-la-vanille-t1675.htm
Et si le requin t’embête, mange-le toi-même avec du massalé et du curcuma! :-)))
Je sens comme une pointe dubitative dans ce pffffffff. Et alors ça : http://reunion.runweb.com/cuisine/id-79-1V-recette,Homard-a-la-Vanille.html c’est du poulet ?
Je souligne ici à quel point ce blog est tendu de rigueur spartiate.
Tant de douleurs en deux jours me laisse sans voix.
C’est la neige qui fait mal.
Je dois être maso. alors !
Oui. Mais elle fait encore plus mal quand elle s’en va.