Intérieur nuit (5)

Le projecteur se rallume sur Aurélie assise de profil sur sa chaise suspendue dans le vide.

Aurélie :
Une boîte.
Dans une boîte. Dans une boîte. Dans une boîte. Je déteste les boîtes. Emboiter. Empiler. Ranger. Pourquoi tout doit être mis en carré ?

Mes mains en boîte.

Mes mains légères et fines. Mes mains en lames pour fendre le rideau de la mer. Mes mains en bol pour recueillir l’eau de la pluie. Mes mains qui courent au soleil. Mes mains qui glissent sur l’écorce lisse du cerisier gris.  Mes mains remplies d’herbes folles. Mes mains au petit matin qui parcourent le chemin d’un autre épiderme.
Mes mains vivantes. Mes mains jamais contentes. Mes mains haletantes. Mes mains heureuses. Mes mains malheureuses. Mes mains au four et au moulin.
Mes mains qui pendent, indifférentes.

Au bout de mes bras, il y a deux mains qui ne servent à rien.

Noir

Auteur : Nicolas Esse

Depuis 1962, je regarde les nuages qui passent avant d'aller mourir.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :