La somme de tout ce que nous sommes

Les mots coulent, dégoulinent, font des rivières et des lacs. Les mots tombent en pluie d’orage ou en bruine, sprayés sur nos visages par le trou de souris d’un brumisateur.

Les mots repeignent les corps de peaux de toutes les couleurs.

Les mots et les idées, le ciel et les immeubles, les cailloux et l’été, le bruit étouffé des pots d’échappement, le passage du feu à l’orange, les images dans tous les écrans. Les cris. Le son du violoncelle. Le bruit des bottes et les explosions. L’absence de l’hiver.  Le vent. L’empreinte d’une autre main. Les gens qui nous parlent de l’intérieur. Les rêves qui nous hantent,  les châteaux en Espagne, les souvenirs qu’on étend et qui ne sécheront jamais.

Le grain rugueux du quotidien, contre notre peau comme un gant de crin qui frotte, gratte, ponce, enlève une couche de peau blanche que le ciel  repeint de bleu ou zèbre d’éclairs brillants.
Toute l’eau du monde qui nous lave à grande eau, à grands coups de Javel, notre chair à vif, nos nerfs à vif, nos entrailles ouvertes, exposées à tous vents. Tout le soleil du monde qui réchauffe les lambeaux de nos chairs provisoires et assemblées par hasard.

Tout ce qui n’est pas nous et fait la somme de tout ce que nous sommes.

Auteur : Nicolas Esse

Depuis 1962, je regarde les nuages qui passent avant d'aller mourir.

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