– Plutôt pas mal ma petite imitation, non ? Je fais Dieu comme personne, je trouve.
– Descends ! Descends de là tout de suite si tu es un homme !
– Je ne suis pas un homme. Je suis un serpent.
– Descends ou je monte te chercher.
– Mauvaise idée.
– Bouge pas, j’arrive.
– Non, arrête. Arrête ! MAINTENANT !
– Je vais te la faire au carré, ta petite gueule de serpent.
– Mais c’est pas vrai ! Regarde cet arbre, tête de nœud. Le tronc. Les feuilles. Les grosses boules qui pendent aux branches, et toutes les allées du jardin qui convergent vers son tronc, c’est quoi ? La Place de l’Étoile ?
– Oh putain, l’Arbre de la Connaissance ! J’avais complètement oublié.
– Tu sais Adam, sérieusement, tu devrais vraiment consulter.
– Quoi, consulter ?
– En parler avec un spécialiste, quelqu’un qui répare, tu vois ? La connerie n’est pas une fatalité. Tu es encore jeune. Ça devrait pouvoir s’arranger.
– Tu sais quoi ? Je vais t’écailler et après, les écailles, je te les fais bouffer.
– Qu’est-ce que c’est, l’Arbre de la Connaissance ?
– Tu viens de mettre les mains dessus. On va avoir de gros problèmes.
– Adam, Ève n’y peut rien, c’est toi qui aurais dû lui dire.
– Me dire quoi, Adam ?
– Te dire quoi ? Tu n’aurais jamais dû toucher le tronc de cet arbre. C’est interdit.
– Par qui ?
– Par Dieu.
– Et pourquoi ?
– Pourquoi ? Pourquoi ? J’en sais rien moi, pourquoi, c’est comme ça, voilà tout. Dieu a dit que son jardin était à ma disposition. Tout en libre service, entrée, plat principal fromage et desserts. Et pour les boissons : eau minérale, cocktails de fruits et le lait des rivières. En fait, tout est à moi. Tout, sauf cet arbre tordu que je ne peux pas toucher et les fruits pareil, interdiction de les manger, si ça se trouve, ils sont tous pourris.
– J’aimerais bien les goûter.
– Pas question, c’est interdit.
– Moi, Dieu ne m’a rien interdit.