Trois mille mètres au-dessus du vide

Le soleil crisse dans l’air bleu de froid.
Il fait moins dix ou peut-être moins vingt.
Il fait si froid que l’air se cristallise.
Il fait si froid que l’air se matérialise.

Il fait moins dix ou peut-être moins vingt.
Et la neige a oublié la pesanteur.
La neige légère dans l’air glacé
S’envole sous mes spatules,
S’envole légère à toucher les nuages.
Le ciel et la neige se confondent et moi,
Je skie la face nord d’un nuage.
Je skie une ligne verticale,
Et des courbes à l’horizontale.
Je skie l’horizon et la mer.
Je skie l’écume de la neige.
Je descends vers le ciel sans fin,
Le long d’une coulée verticale.

Dans ma tête, ça fait clic.
Ma conscience
S’efface.
Se dilue.
S’envole enfin.

Je suis la pente verticale.
Je fais le mouvement parfait.
Je plane sans bruit.
Je peux fermer les yeux.
À trois mille mètres au-dessus du vide,
Je vole.
Enfin.

Auteur : Nicolas Esse

Depuis 1962, je regarde les nuages qui passent avant d'aller mourir.

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